Gemma est née ici, dans le sauvage d’une montagne refuge. Depuis que les oiseaux, à l’origine d’un mal inexpliqué, ont semé le chaos, sa famille vit isolée, esseulée. Elle a 13 ans. Cette montagne est son sanctuaire : elle en connaît toute la violence et toute la générosité, en maîtrise chaque règle, chaque recoin.
Un matin, poursuivant pour l’achever un aigle qu’elle n’a que blessé, Gemma franchit la limite du sanctuaire, et voit l’aigle se poser à même la peau, sur le bras nu d’un vieil homme, sans aucune conséquence fatale…
Et si toute son existence n’était basée que sur le mensonge ? Et si son père, qui les aurait menées là pour les protéger, n’avait fait qu’ériger une prison pour les retenir, isolées et vulnérables, à l’écart du monde ?
Une quête de vérité commence pour Gemma, qui va la conduire à affronter son père, à remettre en question tout ce en quoi elle croît, qui va lui permettre de se libérer et de naître au monde…
Laurine Roux déploie un récit organique dans un rapport à la nature véritablement charnel. La montagne sauvage et rude, écrin violent de cette fable, a ses odeurs, ses textures…
Désir immédiat de faire entendre et voir cette langue immersive au plateau : chercher comment elle peut se déployer dans le corps, l’image, le son, la lumière… Comment la sensualité des mots peut nourrir le vivant du théâtre.
Deux interprètes au plateau : une comédienne porte le récit et manipule une caméra obscura, objet de l’ancien temps permettant le surgissement d’images proches de l’hologramme / une bruiteuse hante l’espace du théâtre pour faire exister l’aigle, le feu, la rivière, le vent, le bruissement des ailes, la course, le danger… le chant de l’émancipation…